VITRAC SAINT VINCENT: VITRACOIS ET VITRACOISES

 

 

Rencontre avec Guy Périnet... Maître de la mise en bouteille.

Octobre 2009.

Accompagné d'Edgar Bissirier, je vais à la rencontre de Guy et Jacqueline Périnet. Ils habitent une ferme dans un hameau de Vitrac. Nous sommes attendus. Guy, les yeux pétillants et malicieux, nous invite à nous asseoir autour de la table. Je l'ai déjà vu lors de la fête des battages montrer son savoir-faire très particulier. Le matériel est sur la table. La démonstration peut commencer.

 

"J'ai appris à faire ça lorsque j'avais une vingtaine d'années. C'est un Mosellan réfugié à Vitrac que j'ai vu faire lors d'une veillée dans une ferme voisine qui m'en a donné l'idée et le goût. J'ai arrêté pendant cinquante ans car j'avais autre chose à faire et j'ai recommencé à la retraite. Je n'avais rien oublié."

"Je sélectionne mon bois, du chêne essentiellement, mais aussi de l'acacia pour l'échelle. Il ne faut pas qu'il soit trop sec. Je prépare toutes mes pièces à l'avance...

Je les coupe, je les façonne. Il y a des longueurs à respecter. J'ai tout ça dans la tête."

Petit à petit le personnage prend forme. Les bras, les jambes, la hotte... Guy Périnet taille, ponce et ajuste les pièces une à une. Ces pièces, il les sort de sa petite boîte "à trésor" où elles semblent attendre patiemment leur mise en mouvement par les mains de l'artiste.

"On a l'impression que c'est très facile, mais non ça ne l'est pas. La pièce peut casser et alors, il faut tout recommencer." précise Guy  sous l'œil attentif et approbateur de Jacqueline, son épouse.

    

"Je fais toujours les mêmes personnages, un homme... ou une femme" s'amuse t-il, le sourire coquin.

L'assemblage se termine.

 

Il faut maintenant passer à l'échelle, les deux supports puis les barreaux.

 

Tout est maintenant prêt pour la mise en bouteille. Pour le montage, Guy utilise des outils "maison" assez exceptionnels par leur sobriété  mais aussi par leur efficacité.  Le maître dépose tout d'abord les supports de l'échelle.

 " Après, je place le premier barreau pour que ça tienne l'échelle  puis les suivants."

 Tout s'emboîte avec justesse et précision.

T

    

 

           

"L'œuvre" est achevée. Spectateurs attentifs, Edgar et moi, avons pu mesurer toute la patience, toute la dextérité, toute l'habileté nécessaires à Guy pour mener à bien sa réalisation.

 " À ce jour j'ai fait 140 bouteilles. Ça m'occupe."

 

Bravo et merci à Guy et Jacqueline pour leur gentillesse, leur accueil et rendez-vous, sans aucun doute, lors d'une prochaine fête locale où chacun pourra à son tour, venir admirer le savoir-faire et l'habileté manuelle du "Maître".

Alain Bohère, octobre 2009

 

 

 

Guy Périnet, le Chevalier de Vitrac

J. DELAGE (LA CHARENTE LIBRE - 2002 - )

 

Le chanteur rêvait de mettre Paris en bouteille. Plus modestement, Guy Périnet y met ses petits personnages. Avec autant de passion.

Si le gamin de Paris de Maurice Chevalier rêvait de mettre sa ville en bouteille, Guy Périnet, plus réaliste a choisi d'y mettre des personnages sans que cela signifie que c'est facile. Au contraire, c'est une gageure que cet homme de 73 ans s'est imposée depuis sa retraite  d'agriculteur qu'il passe au Petit Jauniat.

Après avoir gavé trois canards rescapés d'une troupe de 25, victimes des agapes de Noël, Guy vous guide dans sa cuisine, ouvre un placard et en sort trois bouteilles de tailles différentes, échantillons de ses réalisations. A l'intérieur, baignée par un fond de gnole locale, une échelle de bois sur laquelle grimpe un vendangeur avec une hotte. Dans la plus grosse, il y en a même deux. "Il ya un homme et une femme", dit-il d'un air malicieux. En s'y penchant de plus près, effectivement, on voit une différence de taille. Ce détail de virilité a fait la popularité de ses personnages.

Patience et dextérité

Il en a introduit avec minutie des centaines, à l'intention de nombreux amis, tous aussi fous d'arborer sur la table, au moment du café, la bouteille où surnage, gonflé d'alcool, le vendangeur sexué. C'est après la guerre, grâce à un Mosellan qui lui a enseigné la technique, que Guy Périnet a appris à assembler les éléments composant les personnages. Une planche nantie de cinq pointes, pour maintenir la bouteille, des fils de fer savamment recourbés, des pièces de bois de chêne trouées, deux plus grosses pour faire les montants de l'échelle, voilà tout l'outillage nécessaire à la naissance du vendangeur. le reste est affaire de patience et de dextérité. "Et sans lunettes" fait-il remarquer, alors que Jacqueline, son épouse, invite ses petits-enfants au silence, afin de ne pas perturber l'artiste.

Durant sa vie professionnelle très active, Guy Périnet n'a pas eu le temps de travailler le bois, sinon à la tronçonneuse. Aujourd'hui, il peut assouvir sa passion. Il lui faut 4 ou 5 heures pour assembler les sujets à l'intérieur de la bouteille, mais des dizaines d'heures pour tailler, découper et poncer les petites pièces de chêne. Guy Périnet met ainsi sa signature dans la bouteille comme d'autres y mettent un message avant de la lancer à la mer. Un clin d'œil à Graeme Alwright , prochain invité de la commune.

Patience et dextérité sont indispensables à la réalisation du vendangeur.

 

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